Église

L’église Saint-Patrocle de Colombier

Classée monument historique depuis 1928, l’église de Colombier est un édifice remarquable dont les origines remontent au XIème siècle. Qu’il s’agisse de ses dimensions imposantes ou des étonnantes sculptures qui ornent ses chapiteaux, tout concourt à faire de ce monument une construction d’une grande valeur patrimoniale. Du Moyen Âge à aujourd’hui, l’église Saint-Patrocle a traversé les siècles pour offrir une histoire des plus passionnantes.

 

L’église Saint-Patrocle

 

Les origines de l’église Saint-Patrocle

Bien avant que fût commencée l’édification de l’église Saint-Patrocle, d’autres édifices religieux ont joué un rôle important à Colombier.

Statue représentant saint Patrocle

Ainsi, saint Patrocle aurait fondé un monastère au VIème siècle. Toutefois, aucun indice archéologique n’a à ce jour permis de déterminer l’emplacement, ni même la réalité de ce monastère. S’il a réellement existé, il devait consister en des cellules individuelles de petite taille, éventuellement assorties de quelques bâtiments dédiés à la vie communautaire. Outre ce monastère, la commune de Colombier a naguère abrité une autre église. Située à quelques encablures de l’église actuelle, cet édifice était consacré à saint Genest et remplissait la fonction d’église paroissiale. Après sa destruction au XIIIème ou au XIVème siècle, ce rôle a échu à l’église Saint-Patrocle qui, jusqu’alors, faisait office de chapelle monastique avant de devenir une église priorale.

La donation de l’église de Colombier à Souvigny

L’un des moments phares de l’histoire de l’église Saint-Patrocle, fut sans conteste sa donation aux moines de Souvigny par le seigneur de Bourbon Archambaud III entre 1061 et 1071. Cet acte s’inscrit dans le cadre de la réforme grégorienne qui eut lieu dans la seconde moitié du XIème siècle. Tirant son nom d’un de ses plus zélés promoteurs, le pape Grégoire VII (1073-1085), ce mouvement visait à redonner à l’Église sa pureté originelle. Pour ce faire, il était impératif de l’émanciper de la tutelle des puissants laïcs. Véritable “révolution culturelle” selon les mots de l’historien Florian Mazel, la réforme grégorienne proclamait la supériorité de l’état clérical sur le mode de vie laïque. L’influence du mouvement se fit ressentir dans toutes les strates de la société, et particulièrement au sein de l’aristocratie. Les nobles et les chevaliers furent en effet exhortés à mener une existence plus respectueuse des valeurs chrétiennes, en restituant notamment les biens ecclésiastiques qu’ils avaient pu spolier. Au XIème siècle, la seigneurie de Bourbon était alors en pleine expansion dans la région située au sud de Montluçon. Intégrée aux possessions d’Archambaud III, l’église de Colombier fut certainement donnée par ce dernier aux moines de Souvigny dans l’intention de se conformer à l’idéal grégorien.

Une église à la confluence de différents pouvoirs

Comme l’a bien montré Alexandre Dupraz dans son mémoire de Master, l’église Saint-Patrocle se retrouve prise au centre d’un jeu de pouvoir caractéristique de la période féodale. Elle appartenait en effet tout à la fois à la seigneurie de Bourbon, au diocèse de Bourges ainsi qu’à l’ordre clunisien (le monastère de Souvigny étant une dépendance de la toute-puissante abbaye de Cluny). Elle était en outre située aux frontières du diocèse de Clermont et entretenait des relations diverses avec les familles seigneuriales ayant des possessions aux alentours. L’imbrication de ces multiples pouvoirs a marqué l’histoire de l’église Saint-Patrocle, dont subsistent aujourd’hui quelques anecdotes truculentes. Citons, par exemple, la visite effectuée par les envoyés de Cluny en 1403 afin de contrôler le bon état spirituel et matériel de l’église ainsi que du prieuré de Colombier. Lors de leur inspection, les pieux visiteurs semblent s’être retrouvés confrontés à un véritable pandémonium : le prieuré était loué à deux prêtres qui entretenaient des concubines et faisaient totalement fi du bon respect des mœurs cléricales ; quant à l’église, elle est décrite comme “une caverne de voleurs”.

 

L’autel de l’église de Colombier

L’église Saint-Patrocle entre changement et continuité

En 1790, l’église et le prieuré de Colombier subirent de plein fouet les bouleversements de la Révolution française. Dans le cadre des différentes lois votées par la Constituante, le prieuré fut fermé et vendu en tant que bien national. Nombre des propriétés qui appartenaient à l’église furent également mises en vente. Les années qui suivirent la tourmente révolutionnaire apportèrent aussi leur lot de changements : transformation du prieuré en presbytère en 1833, construction d’une sacristie au sein de l’église en 1894, translation de l’ancien cimetière en 1924, etc. En 1822, l’église de Colombier fut également rattachée au diocèse de Moulins nouvellement créé.

Conter en quelques lignes l’histoire d’un édifice vieux de plus de dix siècles, nous oblige malheureusement à passer sous silence bon nombre d’éléments. Pour davantage de détails, notamment à propos de la construction et de la rénovation de l’église, nous vous invitons à consulter le mémoire d’Alexandre Dupraz disponible à la mairie de Colombier.